Overview : Le respect des droits des personnes privées de liberté et la prise en compte des dimensions sexo-spécifiques dans les conditions de détention est au cœur de plusieurs accords et traités internationaux ratifiés par la République d’Haïti, parmi lesquels figurent la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948, les Règles Nelson Mandela et les Règles de Bangkok. Malgré un cadre normatif national aligné avec ces engagements internationaux, les conditions de détention en Haïti restent particulièrement critiques. Les personnes détenues sont certes privées de leur liberté mais demeurent des membres à part entière de la société et, en cela, conservent tous les autres droits liés à la personne humaine. La promotion de l’Etat de droit, qui est au centre de l’action des Nations Unies et de l’Union Européenne, est fondée sur le respect des droits de la personne. Les lieux de détention peuvent être considérés comme des baromètres de l’Etat de droit, précisément parce que c’est là que l’idéal de légalité et de respect des droits de la personne humaine sont supposés être mis à rude épreuve. C’est également là que l’impératif de respect des droits de la personne prend toute sa signification. La capacité du système pénitentiaire à assurer des conditions de détention et de traitement alignées avec les standards internationaux dans ce domaine constitue un défi particulier s’agissant des personnes qui sont déjà marginalisées avant l’entrée en prison. En Haïti, cela est souvent le cas des femmes et des filles détenues. Malgré la dépréciation de la gourde et la multiplication par trois ces dernières années des incarcérations, le budget alloué à la DAP demeure stable avec seulement 14% de dépenses d’investissement. L’accès à l’eau, à une alimentation de qualité et aux services de santé demeurent problématiques pour la plupart des détenues en Haïti. Par ailleurs, la réinsertion sociale et économique des femmes détenues représente un défi de taille dans un contexte où les activités économiques des femmes en Haïti requièrent un niveau de réseautage, de collaboration et d’ancrage communautaire important (les femmes représentent 60% du secteur économique informel en Haïti et sont sur-représentées dans les activités économiques dites de ’petit commerce’). Plus la détention s’accroit, plus la déconnexion sociale et familiale s’accentue, plus les risques de stigmatisation et d’exclusion sociale augmentent faisant ainsi de la détention provisoire prolongée ou arbitraire une atteinte aux droits humains générant des privations multi-dimensionnelles et une forme de violence aux conséquences spécifiques pour les femmes. La préparation à la sortie et à la réinsertion sociale présente donc des enjeux particuliers pour les femmes. La distribution des produits d’hygiène de base reste ponctuelle et conditionnée à la générosité des Organisations de la Société Civile, ce qui tend à priver les détenues isolées de leurs proches et/ou issues de familles vulnérables de leur dignité. Si la prison de Cabaret bénéficie de distributions régulières, notamment grâce au soutien d’organisations religieuses, la prison des Cayes est en revanche moins bien lotie. En effet, 80 % des détenues de la prison des Cayes en juin 2019 ont répondu avoir rarement accès à des produits d’hygiène et 20 % ont déclaré que cela dépendait des périodes. Des solutions plus économiques et durables seront explorées en coordination avec la DAP et les détenues dans le cadre de cette intervention pour garantir un paquet minimal de produits d’hygiène à travers la fabrication artisanale de savons au niveau des prisons et la formation des détenues à ces techniques de fabrication. L’apprentissage de ces techniques à partir de produits peu coûteux et nécessitant peu de moyens matériels pourra aussi constituer une activité génératrice de revenus complémentaires pour les détenus à leur libération. Un projet de savonnerie avait déjà été présenté par la DAP mais ce dernier n’avait pu voir le jour faute de ressources disponibles. Cette intervention sera l’opportunité d’apporter une solution immédiate à l’indisponibilité des produits d’hygiène à travers la production artisanale de savons dans un premier temps au niveau des trois prisons ciblées. Elle contribue aussi a renforcer la prevention de la propagation du covid 19 dans les prisons a travers la disponibilite de savons. C’est dans ce contexte que ONU Femmes en collaboration avec la DAP, à travers les fonds de l’Union Européene EuropeAid/161864/DD/ACT/HT dans le cadre du projet « Amélioration des conditions de détention des détenues des prisons de Cabaret, Les Cayes et Cap Haïtien à travers la mise en œuvre de la Directive Genre de la Direction de l’Administration Pénitentiaire », désire recruter une firme pour la formation et la mise en place d’une petite unité de fabrication artisanale de savons dans la Prison de Cabaret. Cette consultation tiendra compte du contexte du covid-19 et des mesures de protection en vigueur dans le pays. |